Le sacrifice du cheval !!
Le sacrifice du cheval Kirghizistan - Les coutumes… Les traditions… Le sacrifice du chevalJe sais. Cette note va en choquer plus d’un. Comme ce sacrifice auquel j’ai assisté. Mais c’est ainsi. Les coutumes… Les traditions…
Au Kirghizistan, dans les régions reculées, l’on continue à sacrifier les chevaux. Au Kazakhstan aussi m’a-t-on dit. Des coutumes qui perdurent depuis les époques reculées des Huns et même antérieures à celles-ci… Une coutume propre aux peuples türks. A l’époque, pas un guerrier qui ne fût enseveli avec son ou ses chevaux.
Ce jour là, l’on m’avait annoncé la nouvelle : aujourd’hui on sacrifie un cheval en l’honneur de la circoncision de deux jumeaux. Une famille riche sans doute. Au Kirghizistan, un cheval représente quelque chose de très important dans un patrimoine.
Moi, seule étrangère dans ce village, j’eus été ridicule de protester. Cela n’eut eu aucun sens.
Il y a eu la prière. Chacun tourné vers la montagne sacrée. Tout le monde doit assister m’a-t-on expliqué. Puis il y a eu les hennissements. A fendre l’âme. On attrapait un jeune cheval. Quatre ou cinq hommes. Au loin, les autres chevaux dans leur enclos semblaient avoir compris. Ces hennissements. Ces cordes. Ces bassines. Le jeune cheval qui se débattait désespérément, totalement entravé. Sa panique qui transpirait de tous ses pores. Ses mouvements désespérés pour se débarasser de ses liens.
Une mise à mort. Une communauté qui y assiste tranquillement. Pour son bien. Le bien de la communauté. C’est ainsi.
Je me souviens. Je pleurais. Discrètement. Je m’abritais derrière mon appareil photo. Autrement c’eut été déplacé. L’odeur et le bruit du sang. Le bruit et l’odeur de l’agonie. Sordide. Absolument sordide. C’était une grande fête pour la famille. Pour le village.
S’ensuivirent trois jours de fêtes. C’était l’époque. Octobre. Les récoltes terminées, pas l’hiver encore, le temps des fêtes. Bouzkachi… Là encore des sacrifices de moutons, de chèvres - le bouzkachi se joue avec un chevreau fraîchement égorgé en guise de ballon. Cérémonies, vodka, toasts…
Et un soir, j’ai mangé moi aussi du jeune cheval. Une grande réunion de famille. La vodka qui m’étourdissait. Importance de la communauté. Une grand-mère voulait me marier à son petit-fils. J’avais répondu qu’il fallait d’abord que je le voie. Combien j’ai dû la choquer.
Puis trois nuits sans dormir. Comme si cette mise à mort m’avait atteinte physiquement. Je ne cessai de revivre l’agonie de l’animal. Etait-ce l’altitude ? Etait-ce le fait d’avoir ressenti cette détresse animale comme une détresse quasi-humaine ? Quelque chose de très très dérangeant.
Surtout ne pas donner de leçons, ne pas juger : nous sommes dans des contextes incomparables.
http://www.routard.com/mag_carnet/100/3/le_sacrifice_du_cheval.htm
http://sylvielasserre.blogs.com/photos/kirghizstan_le_sacrifice_/index.html
Il se trouve qu’un an avant moi, un ethnologue travaillant sur les loups, Nicolas Lescureux, s’était rendu dans le même village que moi. Lui aussi a assisté à un sacrifice de cheval : m