« Sans animaux, le cirque se meurt »

le 13.04.2009

Cirque Zavatta : « Sans animaux, le cirque se meurt »

De passage à Saint-Etienne avec le cirque Zavatta, Roger Falck, dompteur, dénonce les agissements de certains groupes de protection des animaux qui n'hésitent pas à employer les grands moyens.



L'affaire de l'éléphante embarquée par les gendarmes, vendredi dans un cirque Zavatta à Dijon, reconnue victime de maltraitance, a fait grand bruit. Un barrissement dû en partie à deux visions qui s'opposent : celle de la grande famille du cirque qui s'offusque de telles accusations, et celle des associations de sauvegarde et de protection des animaux qui dénoncent continuellement les conditions de vie de leurs protégés.

Roger Falck, plus jeune dompteur d'Europe et artiste itinérant, de passage à Saint-Étienne avec l'un des cirques Zavatta détenu par Achille fils, tient à défendre la profession. « Nous avons l'un des métiers les plus contrôlés de France. Pour ma part, je suis la septième génération à vivre dans un cirque.

Nous avons toujours baigné là-dedans, cela se transmet de père en fils. Les éléphants et les tigres sont mes animaux de compagnie. Ce sont des bêtes nées en captivité qui ne connaissent que cela » affirme-t-il.
Sans oublier d'égratigner les ardents défenseurs de la faune « qui se font un argent monstre sur notre dos. Ils vendent des livres, des cassettes et des montages vidéos. Ils prennent la photo d'un animal en bonne santé et détournent l'image en écrivant un texte mensonger en dessous.

La seule chose qu'ils ont réussi à faire, c'est faire enlever d'un cirque un éléphant que l'on connaît très bien. » Les propriétaires étaient a priori en cours d'obtention d'un certificat de capacité, obligatoire pour détenir ce genre d'espèce. Un camion trop exigu et des papiers pas en règle ont fini d'incliner la justice vers une confiscation pure et simple, à destination du parc zoologique de Peaugres (lire ci-dessous).

« Au niveau législatif, un semi-remorque suffit pour un éléphant. Si les conditions de détention étaient mauvaises, les autorités auraient arrêté l'animal bien plus tôt » s'insurge Roger Falck, « les associations essaient trop de prendre le pouvoir, à tort. Certains membres de ces associations disent préférer voir les animaux morts que dans un cirque. Et ils mettent leur idéologie à l'œuvre : l'année dernière, huit de nos animaux (bisons, gnous, zèbres, ânes et zébus) ont été euthanasiés pendant la nuit. Ils ont presque liquidé la ménagerie. Est-ce aimer les animaux ? Un camion du cirque Pinder s'est carrément embrasé suite à la visite d'un commando. Certains sont de vrais extrémistes. »

Lorsqu'on observe le jeune dompteur avec ses pachydermes, la tristesse n'est en tout cas pas palpable. « Nous sommes toujours avec eux, ils ont besoin du contact humain. Je veux bien qu'il y ait des contrôles encore plus drastiques pour que des cirques comme le nôtre puissent continuer à vivre. Sans animaux, le cirque se meurt. »
Fabien Burlinchon

Chrystelle Vitaud, directrice et vétérinaire à Peaugres : « Aucune trace de maltraitance »
Recueillie durant le week-end par le parc zoologique de Peaugres en Ardèche suite à l'application d'une décision judiciaire, l'éléphante Kenya, saisie dans un cirque Zavatta en Bourgogne « ne présente aucune trace de maltraitance ou de coups ». C'est en tout cas ce que notait hier après-midi, Chrystelle Vitaud, directrice et vétérinaire au parc. « L'animal a une vingtaine d'années - NDLR : les éléphants peuvent vivre jusqu'à 90 ou 100 ans en captivité - et présente un bon état d'engraissement. Sa peau est un peu sèche et épaissie en raison d'un manque de bain de boue. Ses ongles nécessitent une manucure régulière, mais il n'y a rien de grave ». Et psychologiquement, le pachyderme ne semble pas davantage affecté : « C'est un animal très calme, habitué à la présence humaine.

Elle a immédiatement cherché le contact avec nos deux autres femelles. » L'adoption est pour l'instant « temporaire étant donné que la procédure judiciaire est en cours. Cet hébergement est lié à une absence de papiers d'identité de l'animal. Des démarches administratives avaient été entreprises en 2005 mais n'ont pas abouti. » Le parc est régulièrement sollicité pour rendre de tels services d'hébergement. « Nous sommes souvent contactés pour des singes ou des félins, soit appartenant à des particuliers, soit à des cirques. Et on observe des maltraitances dans tous les milieux. À l'instar des animaux domestiques » confie la vétérinaire.
F.B.

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