Colombie - Interdira-t-on la mise à mort des taureau dans les Corrida?En pleine féria de Bogota, qui s'étend de janvier à février, le maire de la capitale colombienne, Gustavo Petro, a ostensiblement boudé sa place d'honneur dans la tribune, après avoir révélé son intention d'y bannir définitivement l'estocade, le coup d'épée final terrassant l'animal.
«La plus grande cruauté, c'est de tuer», a clamé cet ancien guérillero d'extrême gauche. «Pour interdire la cruauté, il faut changer la façon dont on fait la corrida». La prochaine révision des contrats entre la municipalité et les organisateurs de spectacles taurins pourrait ainsi sonner le glas de l'une des ferias les plus populaires d'Amérique latine, un continent où le matador a fait son apparition en même temps que le colonisateur espagnol.
«L'Espagne ne nous a pas seulement apporté la religion et la langue, elle nous a apporté la tauromachie», s'exclame Harold Ronderos, secrétaire de la Corporation taurine de Bogota, interrogé par l'AFP.
Des sous importants
Pour l'association qui gère l'arène Santamaria où 60 000 personnes se pressent durant la feria, et un budget de près de 3 milliards de pesos (1,6 millions de dollars), l'offensive du maire est perçue comme un coup dur.
Voire un geste d'ingratitude puisque la corrida rapporte quelque 1,3 milliards de peso (725 00 dollars) d'impôts dans les caisses publiques. Et l'engouement persiste avec des places vendues jusqu'à 345 000 pesos (195 dollars), près de la moitié du salaire minimum.
Quelques jours auparavant, c'était au tour de l'arène de Medellin de frissonner. Non pas devant l'exploit d'un matador, mais après la décision du gouverneur de la province d'Antoquia de couper les subsides publics.
Membre du parti Vert, qui affiche son «respect des animaux», Sergio Farjado, a interdit le parrainage de la Fabrique de liqueur d'Antoquia, qui alimentait 20% du budget de la feria. L'arrêt des deniers publics «ne veut pas dire que la feria taurine est finie», assure-t-il.
Un avis que ne partage pas les passionnés, à l'image de Benjamin de los Rios, l'un des responsables de la Cormacarena, la fondation gérant les arènes de Medellin.
«Nous sommes peut-être une minorité mais nous méritons le respect», affirme à l'AFP cet amoureux déclaré des ferias du sud de la France, qui accuse les autorités de «violer la loi», la Cour constitutionnelle colombienne ayant autorisé l'an dernier les corridas dans les zones de tradition taurine.
La fin?
Une corrida sans mise à mort? «Une farce, une imposture. Ce serait la fin», tranche-t-il, avant de rappelant que la feria génère près de 10 000 emplois directs ou indirect dans la région.
Autant d'arguments qui ne font pas faiblir un mouvement grandissant contre la tauromachie latino-américaine, implantée notamment au Mexique, Pérou, Venezuela ou en Équateur. L'an dernier, le président équatorien Rafael Correa a mis fin par référendum à l'estocade dans les arènes de Quito.
Encouragées, les mouvements de défense des animaux ont depuis multiplié les manifestations devant les arènes en Colombie. Et il ne faut
surtout pas leur parler de tradition.
Durant la féria de Medellin, plusieurs centaines d'activistes anti-corrida, à demi dévêtus, ont formé samedi l'injonction «STOP» en lettres géantes dans un parc.
«Le narcotrafic aussi est une tradition ici, ce n'est pas une raison pour l'accepter. La feria taurine est une tradition abominable qu'il faut abolir», assure à l'AFP Edisson Antonio Duque, coordinateur colombien de l'association internationale Anima Naturalis.
http://fr.canoe.ca/artdevivre/animal/article1/2012/02/06/19344976-afp.html