-------Message original-------
De : chrisdebar
Date : 21/12/2006 16:45:02
A : Georges Vool
Objet : message à lire jusqu'au bout...
A tous ceux qui ne croient plus au Père Noël depuis longtemps, je fais suivre ce message envoyé par Thierry Blancheton, à lire jusqu'au bout.
Merci.
Marie-Do.
> "Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes
> rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité"
> Hundert Wasser
> Sujet: Fêtes de fin d'année : l'autre moitié
> un texte dont je me dis décidément qu'il est splendide,
> incroyablement fort, poêtique et violent en même temps... Et je me
> dis que ça vaut vraiment le coup de l'envoyer tous azimuts à nos
> ami-e-s, que c'est l'occasion ou jamais, et que ce texte pourra
> peut-être les chambouler et les faire changer d'avis sur le destin du
> contenu quotidien de leur assiette...
> alors, le voilà ci-dessous...
> ===========================================
> L'autre moitié
> Nous tous les animaux
> avons le don magique de sentir que nous existons.
> Les cailloux et les trains, les tubercules et les fruits, ne savent
> rien de la douceur de l'air et de la caresse de l'eau, ni n'éprouvent
> l'émotion de se frotter les uns aux autres.
> Mais pour nous, les animaux, la vie peut être belle.
> Ce sera bientôt notre fête ?
> Les guirlandes sont prêtes, et les couteaux, les cages, les gourdins,
> les cadeaux. Bientôt on goûtera plus fort qu'à l'habitude la joie
> d'être réunis. Bientôt pleuvront les coups plus fort qu'à l'habitude.
> Et les « paix sur la terre » et les « v¦ux de bonheur » vogueront
> tranquillement sur une mer de sang plus large qu'à l'habitude.
> Beaucoup des animaux iront au grand festin : les vivants autour de la
> table et les morts posés au milieu. Car le monde, dit-on, est fait de
> deux moitiés, l'une née pour régner et l'autre pour périr.
> Joyeux Noël, pour qui ?
> Il y aura des sapins, des gentils Pères Noëls, des crèches avec un
> b¦uf et un petit enfant. Le b¦uf ne humera ni sapins ni paille. Il
> aura le souffle rauque de la bête qui s'affale ; la vie s'échappera
> par sa gorge tranchée ; ensuite les Pères Noël partageront sa
> dépouille avec les petits enfants.
> Pour qui, la bonne année ?
> Bientôt la Saint Sylvestre, la nuit des bons vivants aux ventres de cimetière.
> Porcelets qu'on ampute de la queue et des dents, veaux traînés à
> genoux vers le dernier voyage, vous tous les mutilés, les
> emprisonnés, les asphyxiés, les gavés, les électrocutés, les
> éventrés, à quoi bon vous débattre ? Les bons vivants à la voix
> mélodieuse couvrent déjà vos cris. Ils parlent de terroir et de
> nappes à carreaux, chantent les bonnes mains calleuses (qui tiennent
> les tenailles, les embucs, les filets), et le talent immense
> d'exciter les papilles en cuisinant des morts. Ou tu parles comme eux
> ou tu es un peine-à-jouir. Pour être de la famille, il faut
> organiser...
> ...la communion dans le sang !
> Noël ou Nouvel an sans dinde, sans foie gras, sans saumon, sans
> homard, sans huîtres, sans gibier, sans mousse de canard, sans
> langouste, sans boudin blanc, sans caviar... il manquerait
> l'essentiel ! Avoir des invités et n'offrir point de viande, cela ne
> se fait pas. Voyons ce sont nos hôtes, il faut leur faire honneur,
> leur prouver notre estime, se montrer accueillants !
> Macabre communion au prix d'un sacrifice. Vois combien je t'honore,
> j'ai immolé pour toi des victimes sans compter. Tu es bien mon égal,
> tu es digne comme moi de moissonner les vies de ceux de l'autre
> moitié.
> En ces temps généreux, les plus pauvres des élus ne seront pas
> oubliés. Aux réveillons humanitaires, eux aussi recevront leur
> rondelle de foie gras. Puis on les renverra se geler dans les rues,
> tout oints de dignité.
> Et moi, je me mets où ?
> Moi qui n'ai ni plumes, ni fourrure, ni écailles, je suis par ma
> figure de la race des saigneurs. Comme je voulais leur plaire, qu'ils
> m'acceptent parmi eux, j'ai fait mine de croire la fable des deux
> moitiés. Je savais tout comme eux savourer le goût du meurtre et rire
> grassement des cadavres exquis. Mais c'est trop cher payer ma place
> parmi les leurs.
> J'aimerais encore qu'ils m'aiment et pouvoir les aimer, mais je vois
> trop clairement qu'ils écrasent de sang froid ceux de l'autre moitié,
> qui sont aussi les miens. Plus jamais je ne serai du côté des
> bourreaux. Le jour du grand festin, s'il n'y a que deux camps, je
> choisis l'autre côté.
> Éventrez-moi vivante comme les autres esturgeonnes. Explosez-moi le
> foie comme aux autres canards. Arrachez mes testicules comme aux
> autres chapons. Ecartelez-moi comme les autres grenouilles.
> Ébouillantez-moi comme les autres homards. Que vos dents souriantes
> mettent ma chair en lambeaux comme celle des autres dindes, veaux,
> chevreuils et saumons.
> Faut-il vraiment choisir entre le pire et le pire ? Rejoindre les
> suppliciés qui vont agoniser, abandonnés de tous ; ou bien les
> assassins qui poussent vers l'abattoir, la face ricanante qui déjà se
> pourlèche ?
> Non, non, non, non !
> Je dénonce !
> Je dénonce le médiocre et lâche procédé de mépriser autrui pour mieux
> se rassurer sur sa propre importance. Je dénonce la communauté bâtie
> sur l'exclusion. On peut créer des liens autrement qu'en étant
> complices des mêmes crimes. Oublions l'odieux mythe du monde à deux
> moitiés, la sinistre machine à fabriquer le malheur.
> Je veux qu'existent en vrai les Pères Noëls gentils, et la paix sur
> la terre, et la fraternité. Que puisse s'épanouir la chaleur animale
> et la joie d'exister des porcelets joueurs, des canards amoureux et
> des humains bavards.
> Pour nous tous, les animaux, la vie peut être plus belle. Que
> commence enfin la fête pour de vrai,
> la fête sans sacrifices !