Des scientifiques ramènent un coeur d'animal mort à la vie en laboratoireSheryl Ubelacker
Le 13 janvier 2008
TORONTO - Des chercheurs ont ramené un coeur d'animal mort à la vie, en laboratoire, en le colonisant avec des cellules saines, un exploit qui leur permettra un jour, croient-ils, de faire « pousser » de nouveaux coeurs ou d'autres organes à l'intention de patients en attente d'une greffe d'organe.
Dans un texte paru dimanche sur le site Internet de Nature Medicine, des chercheurs de l'Université du Minnesota décrivent l'expérience.
Ils ont d'abord extrait, par lessivage, les cellules de l'intérieur du coeur d'un rat de laboratoire euthanasié, ne laissant que l'enveloppe extérieure de l'organe. Ils ont ensuite injecté dans cette membrane des cellules du coeur de rats nouveau-nés. En quelques jours, les cellules s'étaient multipliées pour produire de nouveaux tissus reformant un coeur, qui s'est mis à battre de lui-même.
« Quand nous avons vu les premières contractions, nous étions sans voix », a confié un des chercheurs.
Selon la biologiste moléculaire Doris Taylor, cela laisse entrevoir le jour où on pourra, dans le cas d'une personne ayant besoin d'un nouvel organe, prélever ses cellules, les transplanter sur un tel « cadre » ou « support » et lui construire un organe adapté à ses besoins.
L'équipe de la spécialiste a créé de tels organes « bio-artificiels » à partir des coeurs de dizaines de rats et de ceux d'une dizaine de porcs, en utilisant un détergent spécial qui détruit et élimine les cellules mortes, ne laissant que la structure extérieure intacte.
Les chercheurs croient qu'on pourra un jour « confectionner » de nouveaux coeurs pour des patients en attente d'une greffe, soit en utilisant l'enveloppe du coeur d'un cadavre humain, ou celle d'un coeur de porc, dans laquelle on aura injecté des cellules souches du patient en question. Ils espèrent que ces cellules souches croîtront également de manière à remplacer l'enveloppe extérieure, empêchant ainsi un rejet du nouvel organe par le corps du patient.
Pour le Dr Marc Ruel, qui dirige le laboratoire de recherche en chirurgie cardiaque de l'Université d'Ottawa, il s'agit d'une « importante percée ». Mais il reste encore plusieurs obstacles à surmonter avant que la technique ne puisse être appliquée à des êtres humains.
Nouvelles de © La Presse Canadienne, 2008.