Saint-Leu : Un chien entravé dans une ravine

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Saint-Leu : Un chien entravé dans une ravine
CLICANOO.COM | Publié le 24 février 2008
Une incroyable chaîne de solidarité s’est formée hier pour venir en aide à un petit chien de 6 mois, abandonné à Saint-Leu. L’animal a été retrouvé dans la ravine des Colimaçons, entravé par une cordelette de nylon qui reliait son cou et sa patte arrière gauche. Affaibli et très amaigri, il a été conduit chez un vétérinaire.

Elle n’a pas mangé de la journée la petite Ëlleen, 15 ans. L’appétit coupé net par la vision du pauvre bougre qu’elle a vu dans la ravine des Colimaçons. Un petit chose presque chiot abandonné au vent, à la pluie, à la solitude. Pauvre diable va… Ça s’est passé hier. Comme tous les week-ends, Ëlleen et ses parents prennent le chemin du littoral pour une promenade au grand air et aussi pour “prendre l’eau de mer”. C’est sur leur parcours habituel qu’ils l’aperçoivent. Le petit animal semble très affaibli et ne s’effraie pas un brin à la vue des trois promeneurs qui s’approchent. C’est une fois à sa hauteur que ces derniers comprennent : le malheureux n’est pas libre de ses mouvements, certains de ses membres sont prisonniers d’un réseau de cordages. Une de ses pattes est même lacérée, tant le nœud qui s’est formé au niveau du jarret est coupant. Devant la faiblesse et la fragilité de l’animal et, faut-il le dire, touchés par le sort du malheureux chien qui porte toutes les marques d’un long abandon, ils remontent chez eux pour alerter ceux qui leur paraissent à même d’intervenir : la gendarmerie, les pompiers et la fourrière.

“La blessure lui ronge la peau”

Ils estiment alors qu’ils ont fait le nécessaire et partent chercher leur fille, Diana, à la sortie de son travail. Dans la voiture, sur la route du retour, les parents racontent la mésaventure du jeune chien à Diana, qui demande à ses parents de faire un détour pour vérifier que le chien a bien été pris en charge. Mais sur place, ils constatent que le chien est toujours là, mais à plusieurs mètres de l’endroit où il se trouvait le matin de sa découverte. C’est pour cela que ni la fourrière, ni les gendarmes ne l’avaient aperçu le matin. Cette fois, Diana décide de rester à ses côtés jusqu’à l’arrivée des pompiers qu’elle a alertés peu avant, vers 14h20. Elle n’a pas osé intervenir elle-même, “en raison de l’odeur et de son état”, explique-t-elle. Ce sont eux qui couperont l’entrave en nylon qui relie la patte arrière gauche au cou. Le chien peut certes se déplacer, mais avec beaucoup difficultés et avec le risque d’aggraver la blessure “qui lui ronge la peau sur 5 ou 6 cm”. L’animal est ramené à la caserne d’où il repartira un peu plus tard vers Saint-Paul, où l’attend un vétérinaire qui s’est gracieusement proposé pour lui apporter quelques soins. “La blessure est superficielle”, assure le vétérinaire qui s’inquiète davantage de son anémie patente et des multiples symptômes indiquant qu’il a ingéré de la mort-aux-rats. Mais les jours du jeune chien ne sont pas menacés, il a été pris en charge juste à temps. Reste qu’il a besoin de se remettre d’une longue période de sous-alimentation pour ne pas dire de non-alimentation. Il devrait donc rester chez le vétérinaire jusqu’à demain. Le temps qu’il récupère et que Diana et Ëlleen lui fassent une petite place, bien au chaud, aux côtés de leur chienne Roxy. Car cette fois-ci l’histoire se termine bien, le petit cabot orphelin a trouvé un vrai refuge. Et pour toujours, promet Diana.


Le spectre du chien appât

(Voici un exemple)


Personne n’a rien dit. N’a osé faire ne serait-ce qu’une allusion voilée. Mais tout le monde y a pensé. Impossible de ne pas voir à travers cette dernière affaire de chien abandonné comme une piqûre de rappel sur ce qui porte désormais le triste nom de “chien appât”. Car comme il en a été pour de nombreux cas avant lui, le jeune chien retrouvé hier a été entravé avec du gros fil de pêche… Pour l’association SOS animaux, “ça ne fait pas l’ombre d’un doute”. L’animal abandonné à Saint-Leu est une victime de plus de cette pratique inacceptable et proprement inhumaine qui consiste à se servir de chiens comme de vulgaires appâts pour la pêche au requin. “On ne va tout de même pas nous faire croire qu’un chien ait pu s’entraver lui-même aussi bien. Je crois qu’ il est temps d’arrêter de nier la réalité et de prendre enfin des mesures contre ce genre de pratiques”, commentait un des membres. A la Réunion, la mémoire collective reste et restera profondément marquée par le trop grand nombre de chiens retrouvés avec des hameçons plantés dans la gueule. Le cas plus tristement célèbre restant probablement celui de Chance, cette chienne royal Bourbon qui avait été repérée en août 2005 dans la forêt d’Etang-Salé, un hameçon dans une patte. L’affaire avait provoqué un tel tollé et suscité une telle émotion que le cas de cette chienne mutilée, devenue emblématique de la maltraitance faite aux animaux, était remontée aux oreilles de Dany Saval et son mari Michel Drucker, qui avaient alors décidé de la recueillir. Mais pour un chien sauvé, combien succombent ou sont maltraités dans l’ignorance, ou pire encore dans l’indifférence ? Pour les associations de protection des animaux de l’île, SOS animaux notamment, la solution est du côté des politiques qui doivent prendre toute la mesure de la situation et octroyer enfin les moyens nécessaires à une prise en charge des animaux abandonnés qui soit digne de ce nom. “Les Réunionnais aiment leurs animaux”, affirmait en 2005 un internaute dans un débat lancé par le JIR sur le thème de la maltraitance animale. Sans doute est-il aussi du devoir de tous, précisément au nom de cette sensibilité générale à cette cause, d’être les principaux acteurs dans la lutte contre ce qu’il faut bien appeler des actes de barbaries à l’encontre des animaux.