Enquête sur la consommation de la viande de chien au Cameroun.Dans un petit restaurant situé au lieu dit "carrière de sable", la viande du chien est au menu tous les dimanches . Dimanche dernier, 6 juillet 2008, il n'y avait pas du chien chez Kabila et c'est un peu déçus que les habitués de ce petit restaurant ont dû s'en retourner, après avoir appris que la bête n'était pas au menu.
En fait, le propriétaire, qui venait de subir une opération chirurgicale, n'était pas dans une bonne condition physique pour égorger la bête précieusement enchaînée, pourtant, dans une cage derrière son domicile au lieu dit carrière au quartier Ndogpassi à Douala.
C'est là que se trouve le restaurant. Une vielle bicoque en planches, qui, en semaine, est occupée par des vendeuses de la nourriture destinée aux jeunes gens qui, à l'aide de grosses pirogues, recueillent le sable dans le marécage avoisinant et viennent le déverser sur la terre ferme.
Kabila, 35 ans, est l'un d'entre eux. Il a ceci de particulier que, le dimanche, il s'adonne à une autre activité favorite. Celle de la vente de la viande du chien. Sa clientèle, au départ, se recrutait uniquement au sein de cette masse de travailleurs. La viande de chien, dit-on là-bas, donne de l'énergie. Aussi, les chercheurs de sable ne se privent-ils pas d'un bon morceau de chien, pour faire le plein d'énergie en fin de semaine.
Avec le temps, la vielle cabane a fini par devenir un lieu de rencontre pour plusieurs autres amoureux de la chair de chien. Ils partent de tous les coins de la ville de Douala. Ainsi, tous les dimanches, à partir de 10h, ils s'y retrouvent pour déguster du ragoût de chien assaisonné de sauce tomate. Il faut surtout arriver tôt. Au bout de quelques heures, la marmite pleine de viande se vide. Et hélas, il faut attendre la semaine prochaine. Plus ingénieux, certains clients réservent leur plat une semaine à l'avance. "D'autres préfèrent la viande crue. Ils me téléphonent en semaine pour que je mette de côté quelques morceaux pour eux", confie Kabila. Le plat de viande de chien coûte 1000 Fcfa. Il s'arrose avec une bonne bière fraîche qu'on achète dans la buvette voisine.
Le commerce du chien est une activité bénéfique pour le jeune restaurateur. "Un chien vivant coûte en moyenne 4000 Fcfa. Cuit, ça peut rapporter 15.000 Fcfa", explique-t-il. Quant à la provenance des bêtes, notre interlocuteur affirme que : "ce sont des personnes qui ne veulent plus de leurs chiens qui viennent nous les proposer".
Quant à la cuisson, Kabila explique : "On enchaîne le chien pendant au moins trois jours. On lui donne uniquement de l'eau, comme ça il défèque et rejette tout ce qui est impur dans son organisme". Le but de la manœuvre consiste aussi à affaiblir l'animal. Il est ainsi plus facile de l'égorger en lui liant les pattes et en lui passant un sac autour du cou. Le reste se passe sur du feu de bois, pour y ôter les poils. La viande est soigneusement découpée en morceaux. Elle est bouillie avec des épices et préparée sans huile. Car, "contrairement à ce qu'on s'imagine, la viande du chien a beaucoup de graisse". La cuisson dure une heure, pour le grand bonheur des mangeurs de chien.
Patient Ebwele