Bonjour à tous! Notre cousin le singe est souvent atteint des mêmes maladies que nous, ce qui en fait une proie rêvée pour les horribles scientifiques des laboratoires...
Il y a quelques années, une légende urbaine attribuait l'apparition du SIDA à des actes de zoophilie perpétrés sur des singes.
Aujourd'hui, il semble que même si ces atrocités sont le fruit des imaginations populaires, le virus existe bel et bien chez les singes.
Quel est le lien entre Jane Goodall, observatrice sur le terrain des grands singes depuis quatre décennies, et le type qui, dans son laboratoire, étudie des virus au microscope? Pas grand-chose, a priori, comme le note le journaliste Carl Zimmer sur son blog. Jane Goodall était l'héritière d'une vieille tradition bien moins à la mode aujourd'hui: aller là où sont les animaux, et les observer pendant des années. Quelque chose qui nécessite peu d'équipement, mais beaucoup, beaucoup de patience. Or, la patience est une ressource rare aujourd'hui, même en science. Un biologiste qui travaille ainsi sur le terrain se retrouve en train d'étudier peu d'animaux, ce qui veut dire, à la fin de l'année, peu de résultats à publier. Ses publications doivent toujours être qualifiées de «préliminaires», parce que «l'échantillon» -le nombre d'animaux étudiés- est petit.
À l'heure où les institutions sont de plus en plus pressées d'obtenir des résultats pour justifier leurs budgets, à l'heure où les organismes subventionnaires donnent des sous pour des recherches dont ils espèrent des résultats concrets au bout d'un an ou deux, le microbiologiste a beaucoup plus la cote: il peut étudier l'évolution de plusieurs générations de virus et de bactéries dans une seule semaine, il peut même contrôler cette évolution en modifiant un gène ou deux. Bref, il a beaucoup plus de chances d'accoucher d'un article -ou deux, ou trois- pour
Nature et
Science avant la fin de son contrat.
Arrive le sida. Apparu sur la scène au début des années 1980, il a assez rapidement été l'objet de milliers d'études qui ont permis de décoder son mode de fonctionnement et son génome. Mais un mystère est resté longtemps en l'air: d'où vient-il? En reconstruisant son arbre généalogique, les scientifiques ont rapidement pu pointer vers les singes : la génétique a révélé au fil des années qu'il y a plus d'une souche de VIH (virus d'immuno-déficience humaine), chacune avec une origine différente. Mais ces origines pouvaient être regroupées sous l'acronyme VIS, pour virus d'immuno-déficience du singe.
Les scientifiques ont d'abord pu observer le VIS chez des chimpanzés en laboratoire, mais pour vraiment comprendre sa diversité, ils ont dû quitter le confort de leurs laboratoires et de leurs microscopes, et se rendre dans la nature.