Quand l'arthrose fait souffrir notre chat !!!

Quand l'arthrose fait souffrir notre chat, comment y remédier ?



Avec l’âge, le chat est exposé de plein fouet au vieillissement de son squelette. Comment cela s’opère-t-il ?

Stéphane Bureau : L’arthrose est une dégénérescence du cartilage qui enrobe les articulations. Elle s’accompagne d’une formation d’os et souvent d’une légère inflammation. Des études récentes montrent que cette affection concerne dans 16% des cas les membres et dans 15 % le rachis. Les articulations les plus touchées sont la hanche et le coude.
Aymeric Deneuche : Le cartilage permet aux différents os qui composent l’articulation de fonctionner. Avec le vieillissement, le fonctionnement et le renouvellement des cellules qui le composent (les chondrocytes) sont perturbés, ce qui entraîne progressivement leur dégradation. Une surcharge pondérale n’arrange pas la situation.
Colette Arpaillange : Les affections articulaires préexistantes, comme la dysplasie de la hanche, ne sont pas les formes d’arthrose les plus fréquentes chez le chat. Elles affectent davantage le chien. Le chat, comme l’homme, souffre plutôt d’une arthrose dite « primitive » qui apparaît en dehors de toute contrainte mécanique comme le surpoids ou la dysplasie.

TMA : Cette dégénérescence des cartilages s’accompagne-t-elle systématiquement d’une douleur ?

Stéphane Bureau : La douleur est présente, mais les chiffres donnés dans les études cliniques disponibles sont très globaux. Par ailleurs, nous ne sommes pas capables de mettre en évidence un lien étroit entre la gravité de l'arthrose et la douleur exprimée cliniquement.
Aymeric Deneuche : L’arthrose s’accompagne d’une inflammation chronique dans et autour de l’articulation. Cela entraîne une douleur dont l’intensité varie en fonction du stade d’évolution arthrosique. En début d’évolution, la douleur survient par crises, comme chez l’homme. Elle est plus intense en début d’activité, « à froid », et tend à disparaître avec l’échauffement. Comme chez l’être humain, la progression de la maladie se caractérise par un certain seuil de douleur quasi-permanente, avec des pics spontanés, au repos ou lors d’un effort.

TMA : Le chat est un animal qui se plaint peu. S’il souffre, comment puis-je le voir ?

Aymeric Deneuche : Chez le chat qui souffre d’arthrose, la boiterie est rare. Le plus souvent, le propriétaire ne remarque rien. Ce sont plus des modifications de comportements de l’animal qui peu à peu vont inquiéter le maître. Le chat bouge moins, hésite à sauter, chute ou réduit la hauteur de ses sauts.
Le caractère peut aussi changer : un animal plutôt pacifique devient grognon, moins joyeux, il vit plus en retrait, ronronne moins, miaule ou crache lorsqu’on le touche.
Colette Arpaillange : On peut aussi constater qu’un chat habituellement propre devient malpropre et fait régulièrement ses besoins hors de sa litière. Et comme il se déplace moins, on peut observer également un allongement des griffes qui s’usent moins.
Stéphane Bonneau : A l’apparition d’une succession de modifications du comportement, on doit consulter son vétérinaire car ces signes peuvent aussi être dus à de nombreuses autres affections cliniques, sociales ou environnementales.

TMA : Comment puis-je soulager mon chat et l’aider ?

Stéphane Bureau : L’arthrose ne se guérit pas. Mais on peut essayer d’en ralentir l’évolution et réduire la douleur qu’elle déclenche. Généralement, le vétérinaire prescrit des anti-inflammatoires non stéroïdiens qui limitent l’inflammation et la douleur. Certains d’entre eux sont connus pour leurs effets secondaires et leur toxicité sur le foie, l’estomac et les reins chez les animaux âgés. C’est pourquoi un suivi clinique doit être réalisé régulièrement. Toutefois, les traitements récents présentent moins de risques et peuvent être utilisés à moyen ou long terme.

Le praticien peut aussi prescrire des corticoïdes, par cachet ou par piqûre. Parfois, il réalise des infiltrations directement dans l’articulation. Ce genre de prescription est généralement de courte durée et se décide au cas par cas.
Aymeric Deneuche : Il est important de suivre les conseils du vétérinaire et de soumettre son chat à un bilan sanguin de temps à autre pour vérifier l’absence d’effets secondaires potentiels. Si les anti-inflammatoires ne sont pas suffisants, lors de poussées arthrosiques très sévères, il existe des traitements complémentaires plus puissants qui peuvent être mis en place, comme la morphine dans les cas très sévères.

Par ailleurs, on sait que la surcharge pondérale est un facteur aggravant de l’arthrose car elle accélère la dégradation du cartilage. Chez le chat obèse, il est donc conseillé de mettre en place un programme nutritionnel adapté.
Colette Arpaillange : Les antalgiques/anti-inflammatoires récents sont fondamentaux car ils permettent à l’animal de retrouver une certaine activité. La mobilité et le fonctionnement des articulations « nourrissent » en quelque sorte le cartilage articulaire. En cela, on peut dire que les antalgiques agissent à trois niveaux : contrôle de la douleur, lutte contre les phénomènes inflammatoires et nutrition du cartilage grâce au maintien d’une activité locomotrice.

Stéphane Bureau : Sur le plan de l’hygiène de vie, on peut aussi donner à son animal des chondroprotecteurs. De nombreux produits ont vu le jour ces dernières années. Non toxiques, naturels, à base d’extraits de cartilages de mammifères ou d’origine marine (extraits de moules), ils favorisent la régénération du cartilage articulaire, bien que des études restent à mener sur leur efficacité réelle chez l’animal. Ils se présentent sous forme de compléments nutritionnels ou sous forme injectables. Dans certains cas, une intervention chirurgicale peut aussi être envisagée.
TMA : Dois-je adapter son environnement ?

Aymeric Deneuche : Oui car il est important de permettre au chat de continuer à avoir une activité régulière et de se déplacer. Par exemple, on rendra sa litière plus accessible, en utilisant des bacs avec une marche peu haute à l’entrée. Il faut placer sa gamelle sur le sol et lui proposer un couchage moelleux et chaud.
Colette Arpaillange : Il faut aussi assurer un brossage régulier de son animal car sa difficulté à se mouvoir rend sa toilette compliquée et douloureuse.
Stéphane Bureau : Les effets sur la douleur de la thérapie par le froid, par l
a chaleur, les massages, la physiothérapie, l’hydrothérapie, ne sont pas scientifiquement connus, mais on peut recommander ces thérapies car elles améliorent grandement le confort global de vie de l’animal et permettent parfois de réduire les doses de médicaments nécessaires.

Nos intervenants :
• Stéphane Bureau, docteur vétérinaire, chirurgien
• Colette Arpaillange, docteur vétérinaire comportementaliste, praticien hospitalier en médecine interne
• Aymeric Deneuche, docteur vétérinaire orthopédiste, spécialiste en chirurgie.