Le sort des animaux en débat ...

Le sort des animaux en débat !

Isabelle Lemaire

Des militants de la cause animale manifestent ce samedi devant l’ULg. Ils exigent que l’on cesse d’y faire des expériences sur les animaux.
C’est à l’appel de la Coalition anti vivisection (CAV), une petite mais très active association, qu’aura lieu ce samedi à 14 h une manifestation contre l’expérimentation animale devant les bâtiments de l’ULg, place du XX Août. Selon la CAV, l’ULg effectuerait depuis longtemps des expériences "cruelles et inutiles" et serait le plus gros utilisateur d’animaux de laboratoire en Belgique. Les militants se basent sur le nombre de publications scientifiques de l’université, décrivant les tests sur animaux. Cette affirmation ne peut être ni confirmée ni infirmée par le service bien-être animal du SFP Santé publique, qui publie chaque année les données statistiques sur l’usage d’animaux de laboratoire en Belgique. En effet, le SFP ne précise pas le chiffre exact, établissement par établissement. Tout au plus apprend-on que l’on a utilisé en 2010 700.000 animaux.

La vivisection est un sujet qui déchaîne les passions et provoque bien des crispations. Les pro- et les anti- se livrent une guerre idéologique sans merci, qui s’apparente à un dialogue de sourds. C’est le docteur André Ménache, un éminent chirurgien vétérinaire, poursuivant une carrière internationale et militant pour l’abolition de la vivisection, qui a accepté de répondre à nos questions. Pour lui, la recherche animale est tout simplement "de la mauvaise science". "Sur le plan superficiel (les organes), l’animal ressemble à l’être humain. Mais sur le plan de la biologie moléculaire, les différences sont très importantes. Bien que nous partagions 98,4 % de notre ADN avec les chimpanzés, ceux-ci sont immunisés contre le sida, l’hépatite et le paludisme. Ce qui est important, ce ne sont pas les gènes que nous partageons avec les animaux mais plutôt les actions des gènes et les interactions entre les gènes", affirme-t-il. Le docteur Ménache soutient qu’il serait donc impossible de tirer des conclusions scientifiques valables des tests conduits sur les animaux, tant les différences biologiques sont grandes. Et de citer des expériences menées à l’ULg, dont les résultats, publiés dans des revues scientifiques en 2011, ne semblent pas probants. "Les chercheurs ont voulu reproduire une surdose d’antibiotiques et ils ont administré cinq fois la dose prescrite à des veaux en bonne santé. Les veaux ne sont pas tombés malades "

André Ménache prône le recours à des méthodes de recherche alternatives, notamment pour les tests toxicologiques et l’enseignement. Il dénonce la frilosité des pouvoirs publics et de l’industrie pharmaceutique à mettre en place des solutions de remplacement. Et il est convaincu que les comités d’éthique animale de l’ULg comme de l’UCL, qui veillent au respect de la législation en matière d’expérimentation, évaluent les expériences pratiquées et leurs aspects éthiques, ne sont pas compétents en la matière. "Leurs membres ne sont pas des experts scientifiques dans le domaine des méthodes substitutives mais bien des professeurs de religion ou de philosophie", dit-il.
Il conclut que, de toute façon, la souffrance endurée par ces animaux de laboratoire est "moralement inacceptable" et il en appelle à un débat public sur le sujet de la vivisection avec les chercheurs de l’ULg.

http://www.lalibre.be/actu/gazette-de-liege/article/685812/le-sort-des-animaux-en-debat.html