À compter du 1er juillet, la production et la vente de foie gras seront interdites en Californie, en raison de l’atteinte à la santé et au bien-être des palmipèdes qu’implique le gavage. En France, les professionnels du foie gras se mobilisent pour faire condamner cette interdiction, tout en continuant à produire dans des conditions illégales au regard de la réglementation européenne.
L214 se réjouit de la décision californienne, premier État au monde à interdire la vente de foie gras.
La loi interdisant le gavage en Californie et la vente de foie gras dans cet État a été votée en 2004. Elle prend effet le 1er juillet 2012. Le CIFOG (interprofession française du foie gras) s’insurge contre cette décision.
Marie-Pierre Pé, déléguée générale du CIFOG cherche à discréditer les fondements de la décision californienne en niant les préjudices causés par le gavage aux oiseaux : selon elle, les opposants au gavage « font de l’anthropomorphisme ».
C'est pourtant sur la base d'un avis du Comité scientifique européen pour la santé et le bien-être animal (SCAHAW) que le Sénat californien a fondé sa décision en 2004. La plupart des études portant sur le gavage recensent des diarrhées et des halètements chez les oiseaux gavés, une mortalité multipliée par 6 (voire 10), ainsi qu'un risque de lésions de l'œsophage ou d'éclatement du jabot. Dans son avis, le Comité scientifique européen concluait que le gavage « est préjudiciable au bien-être des oiseaux ».
Le CIFOG demande au ministre de l'Agriculture d'intercéder auprès de la Commission européenne afin qu'elle saisisse l'OMC. L'objectif : obtenir la condamnation de cette interdiction qui « cause vraiment un préjudice d’image ».
Pour le CIFOG, la politique de l’État de Californie constitue une entorse aux règles du commerce mondial et à la libre circulation des marchandises.
L’Union Européenne a pourtant déjà adopté une mesure similaire lorsqu’en 2009 elle a décidé de fermer son marché aux produits issus de la chasse aux phoques, au nom du bien-être animal.
La filière française du foie gras se montre moins soucieuse du respect de la réglementation en vigueur et moins préoccupée d’éviter les distorsions de concurrence quand il y va de son intérêt. La majeure partie du foie gras continue en effet à être produite en France par des oiseaux gavés en cages individuelles, alors que celles-ci sont interdites dans l’Union européenne depuis le 1er janvier 2011.
Saisie par l'association de défense des animaux L214, la Commission européenne a pourtant confirmé la nature juridiquement contraignante de la réglementation encadrant l'élevage de canards et de ses échéances, et l'obligation faite à la France de s'y plier.
Le foie gras IGP Sud-Ouest représente près de 57% de la production totale française. Seuls 20% des élevages labellisés respectent l'interdiction des cages individuelles, les autres procédant tous à un gavage en « épinettes », des cages minuscules dans lesquelles les oiseaux ne peuvent effectuer aucun mouvement.
La contestation du gavage trouve aussi un écho en France, où 63% des citoyens estiment qu'il est une source de souffrance pour les oiseaux.
Combien de temps les autorités françaises mettront-t-elles à reconnaître les souffrances subies par les animaux et à abolir le gavage ?
Anciennement 4e et 5e producteurs mondiaux, la Pologne et Israël (un producteur historique de foie gras) ont tous deux décidé d'en finir avec le gavage en 1999 et 2005. Dans de nombreux autres pays, le gavage est aussi interdit.