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Le mardi 31 juillet 2007
Boycottage des produits du phoque: Ottawa montre les dents
La Presse
Le Canada entend livrer une bataille aux pays qui interdisent les produits dérivés du phoque. La Belgique est le premier ciblé. Ottawa fera ainsi appel à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour remettre en cause la décision b
Après l'Italie en 2005, la Belgique a interdit l'importation et la commercialisation de tous les produits qui proviennent du phoque, en janvier dernier. Depuis, l'initiative a eu un effet domino en Europe. Il y a à peine deux semaines, le même genre de décision est entrée en vigueur aux Pays-Bas. L'Allemagne, la France et les Pays-Bas étudient la possibilité d'en faire autant. Un boycottage existe aussi aux États-Unis, au Mexique et en Croatie.
Pour Ottawa, cet embargo va à l'encontre des normes de l'OMC. «De concert avec l'Union européenne et la Belgique, nous tenterons de trouver une solution positive au problème», a déclaré hier le ministre fédéral du Commerce international, David Emerson.
Selon le gouvernement, il faut contester la loi belge pour empêcher d'autres membres de l'Union européenne d'adopter un boycottage semblable.
«Il est déplorable que nous ayons dû en venir là, mais le gouvernement du Canada luttera contre les interdictions de ce type sur tous les fronts», a ajouté le ministre des Affaires étrangères du Canada, Peter MacKay.
Après l'interdiction américaine
L'annonce du gouvernement est survenue hier, 24 heures à peine après que la Chambre des représentants des États-Unis eut exigé la fin de la chasse aux bébés phoques au Canada. Et ce n'est peut-être pas le fruit du hasard.
«Les États-Unis sont un grand allié, notre plus grand partenaire commercial. Le Canada est toujours à l'écoute des États-Unis», a d'abord souligné André Lemay, attaché de presse de Peter MacKay, joint au téléphone.
Mais il déplore que des politiciens « mal informés » aient voté en faveur d'une telle décision. « La chasse aux phoques au Canada a été vérifiée par des vétérinaires indépendants. Le Canada n'a rien à cacher », précise-t-il.
La chef de l'opposition au Sénat canadien, Céline Hervieux-Payette, qui intervient souvent dans les dossiers concernant la chasse aux phoques, était outrée hier par la décision politique de nos voisins du Sud. « C'est encore une victoire pour les grands lobbies américains, a-t-elle lancé. Pourtant, on a des réglementations. On a adhéré aux conventions internationales. On est un pays civilisé. »
Elle est cependant ravie de voir que le Canada négociera devant l'OMC «même si la réaction, dit-elle, a pris du temps. L'initiative permettra de freiner ceux qui salissent notre réputation pour rien».
Est-ce une façon pour Ottawa de répliquer à Washington ? «Je pense qu'il y a une petite coïncidence. Le gouvernement étant minoritaire, ça doit jouer aussi», répond la sénatrice.
Au Canada, la plus importante chasse aux phoques se tient à Terre-Neuve. Au Québec, c'est aux Îles-de-la-Madeleine. Le président des chasseurs de phoques madelinots, Jean-Claude Lapierre, considère que les États-Unis n'ont pas à se mêler des affaires canadiennes.
Mais selon ce dernier, la décision du Congrès a au moins fait bouger le Canada. «Ça va faire du bien à l'industrie», reconnaît-il, déplorant toutefois la trop grande influence politique des États-Unis sur le Canada.
Près de 8000 permis de chasse sont vendus aux Îles-de-la-Madeleine. Mais il y aurait environ 300 chasseurs actifs, souligne M. Lapierre.
L'annonce d'Ottawa réjouit aussi le cinéaste Raoul Jomphe, réalisateur de Phoques–le film. « C'est l'occasion pour le gouvernement de s'affirmer en se tenant debout. La chasse aux phoques est la plus surveillée au monde. Je l'ai vérifié et observé moi-même », soutient-il.
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Daniel
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