"Touristes, svp, détournez-vous des spectacles indignes qui maltraitent les animaux, ou mieux encore, dénoncez-les !"
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À Marrakech, la Place Jemaa-El-Fna doit une partie de sa renommée aux
traditionnels charmeurs de serpents. L’imposture de leur talent ne serait
que magie si elle n’induisait pas la maltraitance des cobras, des vipères
heurtantes, des couleuvres de Montpellier et autres, aux fins de la
perpétration d’un bien douteux spectacle moyenâgeux. La plupart de ces
belles espèces sont soit menacées d’extinction en Afrique du Nord, soit sont en régression alarmante. Ceci contribue au consternant appauvrissement général des écosystèmes du Maroc.
Les serpents sont sourds et n’entendent pas la musique. Les
« charmeurs » ne charment donc que des badauds et des touristes maintenus dans l’ignorance des tenants et des aboutissants, notamment désinformés des mœurs réelles des ces remarquables espèces. Les seuls qui se dressent face à la flûte sont les cobras, parce que se sentant menacée par toute présence hostile, cette espèce adopte instinctivement le comportement défensif de cette spectaculaire érection, toute coiffe déployée. C’est ce comportement qui depuis toujours fascina les hommes qui y voyaient un trait de noblesse.
Une fois prélevés dans la nature, ces animaux ont la plupart du temps leurs crochets venimeux arrachés, ce qui occasionne l’apparition d’abcès qui provoquent une mort lente et douloureuse. Il existe quelques rares
exceptions qui confirment la règle, mais sur un point la règle ne connaît
hélas aucune exception, indépendamment du fait que leurs crochets soient
arrachés ou non. Ces serpents, tels qu’ils sont manipulés Place Djemaa El
Fnaa (et ailleurs), contraints d'adopter systématiquement une position de
défense absolument stressante, meurent TOUS et sans exception d’épuisement après quelques mois, deux ou trois tout au plus. Il n'y a qu'à observer le sort des couleuvres de Montpellier et autres... Nous en savons hélas quelque chose, ayant observé le phénomène avec le parti pris de personnes sensibles au sort des serpents.
Nous pouvons également témoigner que nombreux sont les malheureux cobras, vipères heurtantes et de Mauritanie, couleuvres de Montpellier et couleuvres fer à cheval qui, « attendant » d'être vendus, sont maintenus des mois durant dans des boites infectes où beaucoup finissent par mourir de soif ou de faim.
Ne pouvant plus se nourrir par eux-mêmes, ils sont gavés de force. Stressés par de fréquentes manipulations ou par l’obligation qui leur est faite d’adopter une posture de défense, ils meurent très rapidement après une courte vie moribonde, au service de la cupidité et d’une bêtise inhumaine.
L’un des auteurs (Michel Aymerich) a récupéré à plusieurs reprises des
couleuvres et des vipères déshydratées, lesquelles ont bu des heures durant et ceci de manière répétée pendant plusieurs jours !
Les cobras rachetés afin qu’ils ne partent pas déportés sur Marrakech ou
Agadir se sont montrés très choqués, restant des semaines durant cachés dans un abri, ne supportant pas la vue d’un humain.
C'est la triste réalité, le revers d'une illusion à laquelle beaucoup
s'accrochent pour maintenir coûte que coûte leur rêve d'être dans un pays
des mille et une nuits.
Pourquoi alors voit-on tellement (beaucoup trop) de touristes étrangers, et
notamment français, se repaître de ces spectacles lamentables ? Pourquoi ne les voit-on pas plus souvent s'insurger face à ces abominations, illustrées sur cette place et dans le souk attenant par de tels spectacles et
exhibitions d’animaux ?
Serpents, fouettes-queue, caméléons, tortues, écureuils, singes magots,
babouins importés, rapaces diurnes et nocturnes, étroitement incarcérés,
dénutris, assoiffés, dérangés, manipulés, abasourdis, blessés, sont ici
illégalement et honteusement en étal. Pour combien de temps encore ?
Tous condamnés, agonisants, morts-vivants ou massacrés ? Parmi ces derniers : des panthères, des servals, des zèbres, des autruches, des pythons de Seba, des varans gris, pourtant tous inscrit en Annexe I de la Convention de Washington ! Et bien que le Maroc ait signé et ratifié cette Convention ! La stupide complaisance des touristes aura seule permis pendant ces longues années une telle hécatombe. Pendant combien de temps encore ?
Curieux, comme ce qui semble n'être pas admis en France et en Europe le
devient au Maroc, au nom d’un relativisme culturel aussi suspect que
dangereux. C'est vrai pour tout. Le Maroc ne doit pas devenir un pays de
droit...
C’est pourtant oublier que là où il y a des acquis, en France ou ailleurs,
ceux-ci ont été obtenus après un long parcours de luttes. Tant il est et
reste vrai que l’oppression qu’elle quelle soit, y compris à l’endroit de
ceux qu’on appelle commodément « les animaux », ou à l’égard des femmes ou des hommes d’autres races, a été et reste, bien qu’inégalement, un mal que nous constatons partout sur cette planète.
En ce troisième millénaire, à l’heure d’une extinction massive des espèces
et d’une prise de conscience internationale pour le nécessaire respect dû à
toutes formes de vie, notamment sauvages, il est grand temps de ne plus
affirmer que toutes les traditions sont à respecter. Avec ses festivals, sa
richesse historique et sa réputation de ville phare du tourisme marocain, la belle cité de Marrakech vaut bien mieux que ça !
Touristes, svp, détournez-vous des spectacles indignes qui maltraitent les
animaux, ou mieux encore, dénoncez-les ! Détournez-vous de ces dompteurs de petits singes, attachés court et contraints, sous les coups, à exécuter de consternantes pirouettes. Détournez-vous aussi de ces sordides marchands du souk qui proposent des animaux morts ou vifs, pour la plupart espèces protégées.
Place Jemaa-El-Fna, il y a un Commissariat de Police, n’hésitez pas à aller
exprimer votre indignation !
En savoir plus
Rédacteurs
Michel Aymerich & Michel Tarrier
GEOS (Groupe d’Etude et d’Observation pour la Sauvegarde des animaux
sauvages et des écosystèmes)