dimanche 18 mai 2008
Championnat de France de déterrage de blaireaux
Dialogue toujours impossible entre chasseurs et écologistes
Aucun incident, hier, lors du championnat de déterrage de blaireaux à Cluny. Mais le dialogue est toujours aussi difficile entre chasseurs et écologistes.
Les autorités craignaient le pire, c'est-à-dire des affrontements. Ils n'ont heureusement pas eu lieu, écologistes et chasseurs tentant même une amorce de dialogue sous le regard de la gendarmerie, dont les effectifs avaient été renforcés.
Forum des chasseurs;
Cluny accueillait en effet vendredi et samedi une épreuve contreversée : une manche qualificative du championnat de France de déterrage de blaireaux (nos éditions précédentes). Une activité dont les associations de défense de la faune sauvage demandent l'interdiction, les organisateurs - la Fédération de Vénerie sous terre - voyant au contraire dans leur pratique un moyen de gestion d'une population de blaireaux jugée trop abondante.
Samedi s'annonçait comme la journée de tous les dangers, avec d'un côté des chasseurs dans la légalité et sûrs de leur droit, et de l'autre des défenseurs de la nature très remontés, affluant de toutes les régions de France.
Le premier acte s'est déroulé dans la matinée sur le terrain de camping de la cité abbatiale, où les chasseurs organisaient un forum pour riposter aux attaques dont il font l'objet. A la tribune, du beau monde: le président de la Fédération nationale des chasseurs, les présidents de l'association française des chiens courants et de la vénerie sous terre, les représentants de la chasse en Saône-et-Loire etc... « Le blaireau est une espèce abondante en Saône-et-Loire. Les chasseurs jouent un rôle de régulation, ils participent à la conservation de la biodiversité et ils agissent dans un cadre légal », ont expliqué, en substance, les intervenants. Quelques écologistes avaient réussi à se glisser dans la foule des participants coiffés de casquettes orange vantant la vénerie sous terre. Ils ont pu s'exprimer, non sans s'attirer des sifflets. Pascal Blain, de France Nature Environnement, fit monter le volume sonore de la réprobation, lorsqu'il demanda pour les blaireaux des passages aménagés sur les routes...
Les protecteurs de la nature avaient rendez-vous quelques heures plus tard pour une manifestation pacifique en faveur de l'abolition de la vénerie sous terre. Thierry Grosjean, Président de la CAPEN (Associations de protection de la nature) de Saône-et-Loire, était entouré de plusieurs élus, parmi lesquels la conseillère régionale verte Marie-Claude Colin. Présent également, le nouveau maire de Cluny Jean-Luc Delpeuch. « La Fédération nationale de la chasse cherche à légitimer sa pratique sous couvert d'arguments faussement objectifs et d'études de complaisance. Le Clunysois mérite mieux que ce tourisme cynégétique anachronique. Cette chasse particulièrement cruelle s'attaque à une espèce de blaireau sauvegardée dans un grand nombre d'autres pays européens » ont affirmé les opposants au championnat. Une adepte de la chasse, venue porter la contradiction a été accueillie sans plus de ménagement que les défenseurs de la nature argumentant face aux chasseurs. Le cortège, fort d'environ 250 manifestants venus de toute la France et représentant de nombreuses associations, a ensuite sillonné les rues de la ville.
À l'issue de cette journée, un constat s'impose : tout le monde a gardé ses nerfs.
Mais les points de vue ne se sont pas rapprochés pour autant. Entre les écologistes et les chasseurs, toutes les confrontations tournent à l'aigre et au dialogue de sourds. On glisse vite de la philosophie de la vie au terrain idéologique et politique. « Si vous nous poussez dans nos derniers retranchements, nous repartirons aux élections » a notamment déclaré l'ex-député européen CPNT Michel Raymond...
J-Ph. C.