Les trafics qui détruisent la planète Contrebande d’ivoire ou de corne de rhinocéros, viande de brousse, de requin ou de baleine, trafic de déchets, pollutions, déforestations : pour leur fortune, certains sont prêts à tous les trafics quitte à détruire la planète. Enquête en images sur les milliards d’un business pas très légal.
Plus d'1 million dollars pour des défenses d'éléphants
Récemment, une vente aux enchères internationale de défenses d’éléphant a écoulé 7,2 tonnes d'ivoire pour 1,18 million de dollars. Un business florissant qui a un coût: depuis 40 ans, les populations sauvages d'éléphants d'Afrique, la principale source d'ivoire, ont diminué d'environ 75%. Pour réduire les actes de contrebande, la Convention des Nations Unies sur le commerce international des espèces menacées (CITES) a proposé de rouvrir le commerce international de l’ivoire à hauteur de 60 tonnes par an.
Des animaux exotiques… de compagnieLes chiffres donnent le vertige: chaque année se vendent dans le monde 50.000 singes, 5 millions d’oiseaux vivants, 10 millions de reptiles, 15 millions de mammifères et 350 millions de poissons tropicaux. A l'échelle mondiale, ce trafic brasse des milliards d’euros par an, un oiseau tropical pouvant se vendre jusqu’à 13.000 euros ! Très tendance auprès des particuliers, les NAC, les nouveaux animaux de compagnie, font fureur auprès des touristes qui n’hésitent pas à récupérer les espèces sauvages sur leurs lieux de vacances. Très règlementé, le commerce des NAC touche principalement l’Amérique du Sud où près de 50 millions d’animaux sont soustraits de leur habitat naturel chaque année.
Le trafic de viande de baleineComme le thon rouge, la chair de baleine se vend bien: près de 200 euros le kilo ! Un commerce juteux que le Japon continue de pratiquer malgré un moratoire international adopté en 1986. Récemment, Greenpeace a dénoncé un important trafic organisé de viande de baleine mené par un navire amiral de la flotte japonaise ! D’après l’ONG, le trafic s’élève à environ 45.000 kilos de viande par an et par bateau de pêche.
L’appât de la corne de rhinocéros
Vendue jusqu’à 2.000 euros pièce, la corne du rhinocéros est extrêmement convoitée. La médecine chinoise traditionnelle lui prête des vertus pour accroître la puissance sexuelle, tandis qu’au Yémen, un poignard à manche en corne de rhinocéros est un symbole traditionnel de virilité. C’est pourquoi le rhinocéros noir (qui possède une double corne) risque de disparaître si la chasse illégale n’est pas rapidement stoppée: en seulement 15 ans, la moitié de l’espèce a été exterminée et il ne reste que 300 spécimens.
Le commerce d’ailerons de requins
© REUTERSEn avril, avec son film "Les seigneurs de la mer", le réalisateur Rob Stewart a voulu sensibiliser le monde entier à une situation préoccupante: en dix ans, 90 % des requins ont été exterminés, soit 100 millions d’individus par an. La principale cause: ces bêtes sont tuées pour leurs ailerons, qui seraient un excellent Viagra naturel. Achetés 0,80 euro le kilo, revendus 200 euros, entre 26 et 73 millions d'ailerons sont écoulés chaque année et finissent en soupe, notamment en Asie du Sud-Est.
Des tonnes de produits chimiques déversésÀ la fin des années 1960, près de cent ans d'industrialisation effrénée ont gravement pollué les Grands Lacs, situés entre le Canada et les Etats-Unis. Malgré les promesses du gouvernement canadien d’enrayer un tel massacre, une étude a révélé qu’entre 1998 et 2002, les usines ont encore déversé un milliard de kilos de produits chimiques toxiques par an (métaux lourds comme le mercure, le plomb ou le cadmium, produits synthétiques fabriqués industriellement, insecticides, etc.) Le lac Erié a été déclaré biologiquement mort dans les années 1980.
Une viande de brousse très appréciée
La "viande de brousse"La "viande de brousse" est le nom donné à la viande d'animaux sauvages recherchée par de nombreux amateurs sur le continent africain. On trouve à la carte de certains restaurants du singe (gorille, chimpanzé…) mais aussi de la chauve-souris, de l'antilope, de l'éléphant, du serpent, etc. Le commerce illicite de viande de brousse est ainsi évalué à un million de tonnes par an ! Les ravages causés par les guerres civiles, lorsque les miliciens se nourrissent d’espèces protégées, ont également eu de sérieuses conséquences sur les effectifs des parcs nationaux. Au Rwanda par exemple, la population de gorilles de montagnes (quelques centaines d’individus) a beaucoup souffert des troubles intérieurs des années 90.
Sombres perspectives pour la morue canadienneNOUVELOBS.COM | 28.11.2008 | 16:40
Pour la première fois, un rapport prédit la disparition d’une population de morue au large du Canada, malgré le moratoire sur la pêche imposé il y a 15 ans.
Dans une vingtaine d’années, le stock de cabillauds ou morues franches (Gadus morhua) qui vivent dans l’Atlantique au large de Terre-Neuve, au Canada, aura probablement disparu, selon une étude, malgré les efforts de protection. C’est la première fois qu’une étude prospective prédit l’extinction de cette population de morue, victime de la surpêche.
L’effondrement des stocks –avec une baisse de 99% depuis les années 60- a conduit les autorités à stopper la pêche au début des années 90. Malgré ce moratoire, les populations ont du mal à rebondir. Un rapport de 2003 soulignait ainsi que le stock de cabillauds du Labrador et du nord-est de Terre-Neuve était à son niveau historique le plus bas et qu’il n’y avait eu pratiquement aucun rétablissement de cette population depuis les moratoires de 1992 et 1993.
Les biologistes Douglas Swain et Ghislain Chouinard, du ministère canadien des pêches et des océans, ont utilisé des modèles biens rôdés de gestion des stocks de poissons pour prévoir l’avenir des quatre plus importantes populations de cabillauds, au sud du Golfe du Saint-Laurent et au sud-ouest de Terre-neuve. En tenant compte des taux de mortalité actuelle des poissons, de leur taux de reproduction, de la croissance des adultes, les deux biologistes prédisent une disparition locale de la morue franche dans les vingt ans à venir si la pêche traditionnelle est toujours autorisée. Même en cas d’interdiction complète de toute pêche, les stocks tomberont à leur plus bas niveau dans 38 ans, selon leurs projections.
Plusieurs raisons sont avancées pour évoquer cette absence de rebond des populations de morues franches, notamment le taux de mortalité élevé des poissons adultes. La cause pourrait être la plus grande consommation de poisson par les phoques. Sont également en cause les prises accessoires de morues lors d’autres pêches et les prises illégales.
Le rapport de Swain et Chouinard est publié dans le Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences.
C.D.
Sciences-et-Avenir.com
28/11/08