France :L'animalerie clandestine vendait des tortues

01/10/2011

France :L'animalerie clandestine vendait des tortues

Justice : Un couple de retraités châtelleraudais devait s'expliquer, hier, sur un commerce illégal de tortues protégées. Ils risquent chacun 5.000 € d'amende.


Le bruit courait depuis des années. Et les agents de l'Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) tentaient de remonter jusqu'à ceux qui revendent des espèces sauvages de tortues dont la détention est particulièrement réglementée.

Le 24 mai dernier, les agents sont arrivés au domicile de Jean-Michel et de Jacqueline. Un couple de sexagénaires tranquilles, passionnés des tortues, chez qui ils saisissent une trentaine d'adultes, plus de soixante-dix jeunes et de nombreux oeufs.

Les adultes gambadent dans le jardin. Et les petits, les juvéniles, partent à la vente. De particulier à particulier. L'enquête parle de 700 spécimens depuis 1992, pour un prix de vente de 100 à 120 € contre 250 à 300 € en animalerie pour une tortue Hermann.

Un commerce en place depuis le début des années 90. Le problème, c'est qu'il est totalement illégal. Les tortues mauresques, les tortues Hermann et les cistudes d'Europe ne peuvent être détenues que par des personnes dûment habilitées par la préfecture. La vente doit être consignée sur un registre et les animaux sont censés être marqués.

'' Il leur manquait que la parole à nos tortues ! ''
Toutes ces règles, le couple s'en est affranchi en toute connaissance de cause. « Oui, on s'était renseigné. On nous avait conseillé de rester dans notre petit coin. On connaissait un peu le règlement », convient le couple. « Vous préveniez surtout les acheteurs que la détention de ces tortues était interdite », relève le président.

« Ce n'était pas pour l'argent. On n'a pas fait de bénéfice là-dessus. Il y a les frais d'électricité, la salade été comme hiver, le vétérinaire. Ça n'a pas rapporté grand-chose », assurent Jean-Michel et Jacqueline. « C'était notre plaisir. Les voir venir vers nous quand on arrivait dans le jardin. Il ne leur manquait que la parole ! »

Depuis la saisie, le couple a fait une demande pour régulariser sa situation et obtenir la capacité qui les autoriserait à s'occuper des tortues. Il s'offusque du constat du vétérinaire qui a relevé le mauvais état de santé de certains animaux. « C'était des petits qu'on venait de nous donner », réagit Jean-Michel.

Pour le parquet, la longue liste d'infractions reprochées au couple par rapport à ce commerce d'espèces non domestiques mérite une amende de 5.000 € pour chacun d'eux. « Il y a eu un préjudice commercial pour ceux qui respectent les règles. »
L'avocat du couple, M e Voche, s'engage alors dans une plaidoirie véhémente. Il s'étonne des poursuites engagées, s'interroge sur une éventuelle prescription des faits et sur les dates auxquelles le commerce et la détention de ces animaux ont réellement été interdits. « Pour moi, c'est 2007. Je me réfère à une liste qui figurait dans un article du magazine Trente millions d'Amis ! »

L'avocat espère une dispense de peine pour ce couple qui ne cherchait pas l'appât du gain. Le tribunal rendra son délibéré le 7 octobre.
Emmanuel Coupaye
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