Orphelin de son maître, Rocky a trouvé un nouveau foyer...

Son histoire a ému bien au-delà des frontières audoises. Erigé en porte-étendard de l'amour désintéressé dont un chien peut faire preuve, Rocky a teinté de sa bonté le drame terrible dont fut victime son maître, André Blanchot

Parti aux champignons le 11 novembre dernier, ce Narbonnais de 70 ans a succombé à une crise cardiaque. Son corps n'a été découvert que trois semaines plus tard, dans le secteur d'Embres-et-Castelmaure. A ses côtés veillait Rocky, affamé, très amaigri, affaibli, mais vivant. Le chien n'avait pas abandonné celui qui l'avait recueilli huit ans plus tôt.

En apprenant la nouvelle, Marc et Catherine Maître se sont immédiatement préoccupés du devenir de l'animal. Il faut dire que le brave toutou ne leur était pas étranger. "André Blanchot était un ami de vingt-cinq ans", racontent-ils, encore marqués par sa brutale disparition (lire ci-contre). "Le chien a d'abord été récupéré par les gendarmes, puis la fille d'André est venue le chercher. Mais nous savions que ses contraintes professionnelles ne lui permettraient pas d'avoir un animal".

Ni une, ni deux, Marc et Catherine lui proposent d'adopter Rocky. Depuis bientôt deux semaines, ce dernier vit ainsi au Domaine viticole Maître de Villesèque-des-Corbières. "Il nous connaissait déjà, tout comme la maison", explique Alexandre Maître, le fils de Marc et Catherine. "C'était mieux pour lui, et nous l'avons fait aussi par respect pour 'Dédé'. Franchement, ça nous aurait fait mal d'apprendre que Rocky était parti chez d'autres personnes". Et pourtant, ils étaient nombreux à se porter candidats, touchés sans doute par l'attention de ce cocker américain envers son défunt maître. "Il nous a accompagnés à ses obsèques", indique Marc. "C'est une chose à laquelle nous tenions. Rocky l'a veillé pendant trois semaines, nous estimions normal qu'il soit auprès de lui jusqu'au bout".

Une attention d'autant plus poignante que le dévouement de Rocky a failli lui être fatal. "Il n'aurait pas tenu beaucoup plus longtemps", estiment Marc et Catherine. "Comme il vivait en ville et se déplaçait peu, il avait un certain embonpoint. Ça lui a peut-être sauvé la vie !"

Car ses nouveaux maîtres en sont persuadés : Rocky n'a rien mangé du 11 novembre au 2 décembre, jour de la découverte du corps d'André Blanchot par des chasseurs. C'est loin d'être anodin… a fortiori pour un chien d'une dizaine d'années. "On suppose que la voiture était restée ouverte et qu'il s'abritait à l'intérieur pour résister au froid de la nuit. De même, il devait boire dans des flaques d'eau de pluie". Mais ce réflexe salutaire n'a pas été sans conséquence. "Quand Rocky est arrivé chez nous, il souffrait de problèmes d'estomac", raconte Catherine. "Il était également très assoiffé, et buvait énormément. Preuve qu'il n'avait pas dû se désaltérer suffisamment durant ces trois semaines". A cela s'ajoutaient quelques troubles du comportement : à l'image des hommes, les animaux ont besoin de temps pour vaincre leurs traumas.

"Les premiers jours ont été difficiles", concède Catherine. "Il était perturbé, essayait de monter dans les voitures, cherchait son ancien maître…" Qu'on se rassure : ça va beaucoup mieux. Aujourd'hui, Rocky est définitivement chez lui au Domaine Maître… où l'on est très honoré de sa présence. "Ce qu'il a fait pour André, peu d'hommes le feraient", insiste Marc. "Rocky mérite le respect, et j'aimerais vraiment qu'il ait encore de belles années devant lui". Elles ne seront pas de trop pour que lui soit rendu tout l'amour qu'il a su manifester.

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