ANGLETERRE. L'acteur Roger Moore, ancien James Bond 007, veut faire interdire la vente de foie gras en Angleterre
L'ATTAQUE DE ROGER MOORE CONTRE LE FOIE GRASSir Roger Moore, ex-agent au service de Sa Gracieuse Majesté, auréolé des insignes de commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres l'an dernier par Christine Albanel, n'incarne plus tout à fait le distingué et néanmoins bon vivant Lord Bret Sinclair.
Celui que la haute distinction décernée par l'ancienne ministre avait hissé au rang d'ambassadeur britannique de la culture française, s'attaque désormais à l'un de nos fleurons gastronomiques. Depuis quelques jours en effet, son visage s'étale sur un large panneau publicitaire devant Selfridges, le grand magasin londonien d'Oxford Street, non seulement pour décourager les Anglais d'acheter du foie gras dont il dénonce le mode de production, mais aussi réclamer un arrêt pur et simple de la vente de foie gras sur l'île, au motif que « gaver les animaux est cruel et pas festif ».
L'Angleterre détrônée
Pas de quoi inquiéter Philippe Baron cependant. « Nous nous sommes retirés du marché britannique il y a déjà trois ans. Et parallèlement, d'autres marchés ont émergé, notamment en Chine, au Japon ou dans les pays latins et du sud de l'Europe. Nous avons d'ailleurs avec ces derniers davantage d'affinités culinaires qu'avec l'Angleterre » ironise le président national du comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras, qui semble aussi peu goûter la gelée de menthe qui accompagne les Dolly anglaises que la curieuse tradition du pudding rassis.
Mais après tout, la guerre inique déclarée par l'ancien James Bond n'invite pas à jouer fair-play.
« Ce n'est pas la première fois qu'un acteur fait parler de lui à propos du foie gras. Arnold Schwarzenegger l'a précédé en Californie. Les Britanniques sont des petits suiveurs des américains ! Au demeurant très sympathiques, mais des petits suiveurs quand même.
Les humeurs gustatives des Anglais ne nous touchent plus depuis que nous nous sommes désengagés du marché. On y a pourtant vendu du foie gras dans le temps, se rappelle Philippe Baron, mais il semble décidément que, culturellement, nous ne sommes pas faits pareils... ».
Les fines gueules asiatiques et latines et surtout leur pouvoir d'achat consolent largement le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras. Et puis rien ne permet d'affirmer que les Anglais suivront les préceptes alimentaires de sir Roger Moore...
Aux yeux de Philippe Baron en tout cas, ce vieux lord de 82 ans qui joue les mouches du coche est moins prescripteur de conduite alimentaire qu'un acteur probablement très désoeuvré pour se lancer aux côtés de l'association Peta (célèbre pour ses campagnes anti-fourrure) dans une croisade contre le foie gras.
« Croisade décadente »
« Tout cela me semble un peu décadent », lâche en conclusion le président du Comité interprofessionnel, qui préfère se concentrer sur le lancement précoce de la saison du foie gras... C'est en effet mercredi, 11 novembre et jour de la Saint-Martin, que le foie gras a fait sa massive apparition sur les étals, soit quinze jours plus tôt que d'habitude.