39 coqs de combat saisis(22/11/2007)
© D.R.
Crêtes et barbillons coupés aux ciseaux
QUAREGNON Deux fois bingo à Quaregnon pour le service d'enquête et recherche de la police de la zone boraine. Lors de 12 perquisitions pour trafic de drogue : deux élevages de coqs de combat. Rappel : les combats de coqs sont interdits en Belgique depuis 1929. Et 39 bêtes saisies, de vraies machines à tuer. 4 kg de muscles, de nerfs et d'agressivité pure, des serres de rapace, des bestioles dressées à sauter au visage, en visant les yeux. Ces élevages se trouvaient rue de la Flache et avenue du Travail, et disposaient de cages spécialement conçues.
Neuf coqs ont péri alors que des policiers apparemment insuffisamment équipés - un voisin raconte qu'ils agitaient des filets à papillons - tentaient pendant 4 heures de les capturer. Un centre montois de revalidation de la Région wallonne et la Ligue royale belge pour la protection des oiseaux soignent 30 rescapés. Encagés à leur tour, les frères Coussantien comparaissaient, hier, devant la chambre du conseil de Mons. Selon Hugues Fanal, de la Ligue, les policiers ont aussi trouvé un ring de combat pour coqs, appelé gallodrome, des ergots d'acier et des fiches de paris pour des combats organisés à Mouchin, qui se trouve en France à 700 mètres de la frontière belge. De tels combats sont encore tolérés en France. Les vétérinaires, qui ont examiné les coqs, confirment que ceux-ci ont subi des pratiques mutilantes ayant consisté à leur couper la crête et les barbillons à l'aide de ciseaux ou d'élastiques alors utilisés comme garrot pour empêcher l'arrivée du sang.
Les cages à coqs de Quaregnon sont sous scellés.
Les combats ne sont pas seulement prohibés depuis 80 ans. Depuis 1991, la loi relative à la protection et au bien-être des animaux dispose que quiconque participe de quelque manière que ce soit, y compris les spectateurs, est coupable de maltraitance animale et risque jusqu'à 6 mois et 5.000 euros.
Vétérinaires complaisants ? Angélique est la femme d'un frère Coussantien : "Des vétérinaires passaient régulièrement pour délivrer des certificats attestant que les coqs étaient vaccinés. Il le fallait". Le vaccin contre la maladie de Newcastle est obligatoire en France.
Fabrice et Ronaldo Coussantien ont 27 et 32 ans. Chez eux, les policiers ont encore trouvé des calendriers de combats organisés au gallodrome de Mouchin.
Les dates (3 soirées/semaine); les modalités pratiques; les enjeux : 2.000 € et 1 bouteille de champagne; et les contacts : Huguette, Mamie, Cédric, Roger, Toutain, Jean-Pierre, Marc, Velo, Sandrine, Sébastien. "Ils ont cela dans le sang. C'est une passion de famille" , explique une belle-soeur évasive lorsqu'on évoque l'agressivité de ces bestioles. "Je me méfiais. Ils n'en lâchaient jamais qu'un à la fois de façon à empêcher qu'ils s'entre-tuent. Si j'en voyais un en liberté, je faisais bien attention à marcher lentement pour ne pas les exciter, sans les quitter des yeux pour surveiller leurs réactions."
Cette belle-soeur a elle-même possédé un pitbull.
Elle poursuit : "Mais ils les soignaient. Comme des enfants. À chacun sa cage avec chauffage par lampe. Les deux frères sont en prison. Eh bien, on n'a pas osé leur dire que les policiers avaient embarqué tous les coqs. On avait franchement peur de leur réaction. Ils auront une peine terrible. Les coqs, c'est plus qu'une passion : c'est leur vie. Cela faisait des années qu'ils ne partaient plus en vacances avec la famille tout simplement à cause de ces coqs. J'espère qu'ils seront bientôt libérés. On a dû leur annoncer la triste nouvelle qu'ils devaient s'attendre à trouver toutes les cages vides."
Gilbert Dupont