Un gang de lapins géants attaque le Ministère de la Recherche
Ce vendredi matin à 10 heures, un gang de quatre lapins géants a
tenté de s'introduire au ministère de l'enseignement supérieur et de
la recherche, rue Descartes à Paris. Sous les déguisements, des
militants de « Droits des Animaux », une association antivivisection
qui réclame l'égalité des droits entre les hommes et les animaux.
Ce matin devant le ministère de la Recherche
En décembre, ces activistes partisans de l'action directe, avaient
envoyé à Valérie Pécresse, ministre de la recherche, un courrier
exigeant « l'abolition immédiate de l'expérimentation animale », en
particulier dans les laboratoires de recherche publique (CNRS, INRA,
Inserm, Universités etc…). Sans réponse à leur missive, ils ont
décidé d'organiser l'opération Lapins géants de ce matin pour
manifester leur colère.
C'est la première fois qu'une action de ce genre vise aussi
directement la recherche publique. Depuis environ deux ans des
manifestations très virulentes se multiplient devant les sièges des
grands laboratoires pharmaceutiques installés en France (Sanofi
Aventis, GSK, Novartis, Bristol Myers Squibb). « Mais nous allons
maintenant nous attaquer aussi à la recherche publique. C'est même
une cible prioritaire car elle pratique l'expérimentation animale
avec l'argent des contribuables » assure David de Droits des Animaux.
Les autorités prennent la menace antivivisection très au sérieux, car
ces derniers mois des actions violentes ont été menées par
l'organisation clandestine ALF (Front de Libération des Animaux).
Entre autres, l'incendie en avril 2007, des locaux de l'entreprise
Techniplast à Limonest (Rhône) qui fabrique des cages pour animaux de
laboratoire et en décembre dernier l'incendie du domicile d'un
fourreur bordelais.
Côté chercheurs, ce renouveau de la cause animale laisse dubitatif.
Ces militants réclament le remplacement de l'expérimentation animale
par des méthodes substitutives, notamment in vitro. « Nous utilisons
déjà largement ces méthodes, dès que c'est possible. Mais ces
techniques ne peuvent pas complètement remplacer l'expérimentation
animale. L'effet d'un médicament sur une tumeur en culture cellulaire
n'a rien à voir avec ce qui pourrait se passer chez l'animal et
surtout chez l'homme. » explique François Lachapelle, chercheur et
directeur du Bureau de l'Expérimentation Animale de l'INSERM. Une
position que partage complètement Georges Chapouthier, directeur de
recherche au CNRS, mais aussi militant de la cause animale (il est
l'un des auteurs de la « Déclaration universelle des droits des
animaux »). « Dans le cadre de recherche sur la maladie d'Alzheimer
par exemple, on ne peut pas tester in vitro, l'activité d'une
molécule qui agit sur la mémoire, indique le chercheur. L'animal
reste indispensable mais nous devons tout faire pour lui éviter des
souffrances inutiles. »
Pour les militants antivivisections, ces arguments ne sont pas
recevables. « Nous allons multiplier les actions contre la recherche
publique et toutes les institutions qui participent à son
financement. » prévient David. Des menaces à prendre au sérieux, car
Droits des Animaux s'est fait connaître pour ses sabotages de chasse
à courre (Hunt sabotage). La « bête » noire des chasseurs pourrait
bien devenir aussi celle des chercheurs.
Olivier Hertel
Sciences et Avenir.com
15/02/2008