Lundi 14 avril, 20h29OTTAWA (AFP) - Une organisation de défense des animaux a accusé lundi les autorités canadiennes de "piraterie" pour avoir arraisonné son navire, tout en reconnaissant que cette opération fait une publicité inespérée à sa cause.
Les autorités canadiennes ont arraisonné samedi le Farley Mowat, navire de la Sea Shepherd Conservation Society qui voulait observer la chasse aux phoques afin de la dénoncer et arrêté le capitaine néerlandais et le second suédois du navire.
Paul Watson, le chef de la Sea Shepherd Society a annoncé lundi qu'il allait payer une bonne partie de la caution de 10.000 dollars fixée pour la libération conditionnelle des deux hommes en pièces de deux dollars.
"Puisqu'ils ont pris d'assaut notre navire en haute mer et saisi notre propriété, je considère que ce sont des pirates et nous allons leur payer une rançon de pirates", a-t-il dit dans une interview à la chaîne publique CBC.
M. Watson affirme que le Farley Mowat se trouvait hors de la limite de 12 milles des eaux territoriales canadiennes lorsque des hommes en armes de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) sont montés à son bord, ce qui est contraire au droit maritime et constitue selon lui un "acte de piraterie".
Les autorités canadiennes reprochaient aux défenseurs des animaux de s'être approchés, sans permis, à moins de 900 mètres des chasseurs de phoques et affirment que l'opération a eu lieu dans leurs eaux.
L'objectif de la Sea Shepherd Society est de collecter des images sur "le massacre inhumain" de phoques afin de convaincre les parlementaires européens d'interdire l'importation de produits dérivés du phoque, a indiqué M. Watson, ne cachant pas que l'opération contre le Farley Mowat donne un relief inespéré à sa campagne.
"J'avais dit que la meilleure chose qui pourrait nous arriver serait d'être arraisonné. Mais je ne pensais pas que (le ministre des pêches Loyola) Hearn serait assez bête pour faire ça", a-t-il dit.
Le quotidien de référence The Globe and Mail, a jugé "disproportionné" dans un éditorial lundi l'opération contre le Farley Mowat, estimant qu'Ottawa a rendu service à M. Watson en lui fournissant "plus de publicité gratuite qu'il ne pouvait en rêver".
Le Canada a autorisé cette année l'abattage de 275.000 phoques, un chiffre supérieur au quota de 270.000 fixé l'année précédente.
La chasse commerciale aux phoques s'est ouverte le 28 mars dans le golfe du Saint-Laurent. Elle a été marquée cette année par la mort de quatre chasseurs, qui se sont noyés lorsque leur navire s'est retourné alors qu'il était remorqué par une brise-glace des garde-côtes.
M. Watson avait provoqué des réactions indignées en jugeant la mort de milliers de bébés phoques plus tragique que celle des quatre chasseurs.