LES ABATTOIRS D’ALGER LIVRENT LEUR SECRET
3200 litres de sang versés chaque jour07 Septembre 2008 - Page : 24
Cette quantité est orientée par «conduite spéciale» vers la station d’épuration de Baraki (Oued Smar).Où va le sang des bêtes abattues à l’abattoir principal d’Alger, situé au boulevard des Fusillés des Annassers? Une question pour le moins curieuse et anodine mais qui revêt toute son importance au vu des explications fournies à L’Expression par Moussa Bouderouïa, directeur de cette unité dépendant de l’Egesap (Etablissement de gestion des abattoirs et de la poissonnerie) d’Alger.
Une entreprise de la Sonatrach, était auparavant en charge d’intercepter au rythme de 2 à 3 jours, une quantité appréciable de sang déversé dans les abattoirs d’Alger. Elle procédait au traitement de ce liquide animal pour le transformer en engrais agricole, en même temps que l’étaient les os et le fumier récupérés pour le même usage. Depuis la fermeture de cette unité, il y a une dizaine d’années, précise Bouderouïa, le sang se mêlait aux autres rejets ménagers et de la voirie à travers le grand égout de Oued Kniss.
Le sang rejeté par les quelque 1000 moutons et les 20 à 30 bovins égorgés chaque jour en moyenne, durant toute l’année, atteint près de 3200 litres. Ce volume est calculé sur la base d’un mouton qui laisse couler environ une moyenne de 3 litres de sang à son abattage et un bovin plus du double, selon la direction de l’abattoir.
Depuis quatre mois environ et d’après les explications qui nous ont été fournies par Bouderouia, ce sang est aujourd’hui orienté par «conduite spéciale» vers la station d’épuration de Baraki (Oued Smar). En effet, nous assure-t-on, cette opération est devenue possible après le détournement, en avril et mai derniers, des regards et des égouts de Oued Kniss. Ce sang est désormais dirigé tout droit vers la station d’épuration de Baraki où il est traité et apuré avant d’être distribué soit pour un usage industriel soit pour l’irrigation. Un traitement spécial devrait être envisagé lorsqu’on sait qu’à partir des déchets sanguins d’animaux on extrait des protéines et on peut aussi composer divers sérums médicaux, actuellement importés à coups de devises fortes.
Par ailleurs, aux abattoirs d’Alger, un parc spécial d’enlèvement de ce déchet organique, qui a coûté la bagatelle de 85 milliards de centimes, a été constitué pour soulager un tant soit peu la station d’épuration de Baraki. Une partie de ce sang est ainsi récupéré tous les 2 à 3 jours par ce parc, soit environ 200 litres à chaque opération, dans des bacs et un camion citerne avant d’être acheminé vers le centre d’enfouissement de Oued Smar. Comme cette substance est biodégradable et non toxique, souligne Bouderouïa, un puits spécial lui a été consacré dans ce centre.
Une commission spéciale, composée de représentants de la direction de l’hydraulique de la wilaya d’Alger et du ministère de l’Environnement, a siégé en avril 2008, pour débattre de la protection environnementale conséquente aux rejets des abattoirs d’Alger. Des dispositions ont alors été prises pour, notamment préserver l’environnement de la station de pompage et de dessalement d’eau de mer du Hamma d’Alger.
Il nous a été hélas impossible, plusieurs jours durant, de joindre le premier responsable de la direction de l’hydraulique de la wilaya d’Alger, pour de plus amples renseignements quant à la capacité de traitement de la Step de Baraki et obtenir plus de précisions sur l’acheminement du sang des abattoirs d’Alger vers cette station.
http://www.lexpressiondz.com/article/2/2008-09-07/56024.html