25-02-2009
Le trafic de l'ivoire n'était-il qu'un mauvais souvenir ? Au cours des deux derniers mois, cinq éléphants ont été retrouvés abattus dans le Parc national de Tsavo, au Kenya. Leurs défenses
coupées à la hache, marque du braconnage pour l'ivoire, sont, pour les autorités et les associations de défense de la nature, le
signe d'une recrudescence de ce trafic illégal.
En effet, Jonathan Kirui, directeur adjoint au parc, témoigne que « depuis la vente exceptionnelle d'ivoire des pays d'Afrique australe qui a eu lieu l'an dernier à destination de la Chine et du Japon, nous avons remarqué une augmentation sans précédent des actes de braconnage sur les éléphants dans le parc de Tsavo ».
Dans la même lignée, les rapports des services de la faune sauvage kenyans révèlent une augmentation de 60 % du braconnage dans le pays entre 2007 et 2008.
En 1989, l'éléphant d'Afrique a été inscrit en Annexe I de la CITES (1), interdisant tout commerce international des éléphants et de
leurs produits dérivés, notamment l'ivoire. Cette disposition a été révisée en 1997 et certaines populations ont été déclassées en Annexe II, ce qui permet des échanges commerciaux avec autorisation spéciale de la CITES.
Depuis, des ventes aux enchères exceptionnelles ont été autorisées, et notamment, la dernière en date, en novembre 2008, mettait sur le marché plus de cent tonnes d'ivoire et a rapporté plus de 12 millions d'euros. Pour les associations écologistes, ce type d'autorisation ne peut que stimuler
la demande et créer des failles permettant de blanchir l'ivoire illicite sur des marchés légaux.
Selon J. Kirui, au Kenya, « le kilo d'ivoire se vend aux trafiquants locaux à 29, 50 ? minimum par les intermédiaires et cela pourrait inciter les populations locales, jusque-là non impliquées dans le commerce illicite, à y prendre part ». Par comparaison, sur le marché noir international, le kilo
d'ivoire se vend à plus de 600 euros.
Peter Pueschel, directeur de programme faune sauvage à l'IFAW (2) estime à 20 000 le nombre d'éléphants tués chaque année pour leurs
défenses. Il constate qu'actuellement le braconnage a atteint un niveau qui dépasse de loin tout ce qui a été enregistré depuis
l'embargo de 1989 sur le commerce de l'ivoire. « La situation est terrible et doit être enrayée avant toute nouvelle escalade »
déclarera James Isiche, directeur du bureau régional d'Afrique orientale d'IFAW.
Elisabeth Leciak
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3619>