La castration des porcelets tourne à la foire d’empoigne.
AGRICULTURE | Faut-il continuer de couper les attributs des cochons d’élevage? Cette question sème la zizanie dans la filière porcine. CHRIS BLASER | André Hofer, éleveur à Moudon, castrera bientôt ses porcelets sous anesthésie: «C’est pour le bien-être des animaux, je suis d’accord de passer du temps à les endormir, dit-il. Mais ces opérations coûtent et il est regrettable que les producteurs doivent tout payer.»
PATRICK CHUARD | 18.02.2009 | 00:01
Pratique cruelle pour les uns, détail sans importance pour les autres: les porcelets mâles d’une semaine se font amputer des testicules. Un coup de bistouri est donné sans anesthésie à plus de 1,3 million de petits cochons suisses chaque année.
Indispensable pour garantir la saveur du filet mignon: «Sans cela, les cochons mâles peuvent produire un mauvais goût et des odeurs qui gênent certains consommateurs», explique Felix Grob, gérant de l’association faîtière Suisseporcs. Un acte qui deviendra illégal début 2010, en raison de la loi sur la protection des animaux. Que faire, alors?
Un groupe de travail (Proschwein) a proposé trois solutions: l’ablation sous anesthésie, la castration chimique ou l’élevage de verrats entiers (solution d’avenir selon certains).
Des solutions qui divisent fortement le monde de la production porcine. Pour simplifier, l’Office vétérinaire fédéral (OVF) et les associations d’élevage roulent pour le vaccin: deux injections d’Improvac (un produit Pfizer) à quelques semaines d’intervalle suffisent à stopper la production d’hormones et donc à exclure les mauvaises odeurs.
Problème: Migros n’en veut pas. Le géant de la distribution – qui contrôle près de 40% du porc sur le marché – explique, enquête à l’appui, que «les consommateurs sont sceptiques vis-à-vis de cette méthode». Bell n’y est pas favorable. Coop ne l’autorise que pour un seul de ses labels. Les éleveurs, eux, se montrent divisés, tout comme les bouchers.
«Je prévois d’ouvrir bientôt une boucherie-pharmarcie et le lancement d’actions combinées côtelettes-Viagra devrait faire un tabac!» ironise Max Blaser, boucher de Villarsel (FR). «J’ai l’impression que tout ce qui est nouveau effraie ces bouchers, tout ce qui les intéresse, c’est d’annoncer des actions la semaine prochaine», rétorque Claude Henchoz, membre du comité de Suisseporcs.
L’anesthésie complexe
Dommage, réagit Charles Trolliet, président des vétérinaires suisses, car «ce vaccin est utilisé depuis des années en Australie et au Brésil, il est sans danger pour les humains. Migros devrait convaincre ses clients plutôt que de s’enferrer. Avec sa position de leader, elle va tuer de fait la possibilité d’utiliser ce vaccin en Suisse.»
La deuxième solution, la castration sous anesthésie, s’annonce complexe pour l’éleveur. Il devrait acquérir une «machine d’opération», poser un masque sur le groin du porcelet, lui faire inhaler le gaz soporifique avant de lui injecter un antalgique antidouleur. Swissmedic (institut suisse des médicaments) a récemment jeté de l’huile sur le feu en précisant que le gaz utilisé pour cette narcose, l’Isofluran, peut être «dangereux pour les animaux» s’il n’est pas administré par un professionnel. Surtout, il est «500 fois plus nocif que le CO2 pour l’environnement».
Appel au Conseil fédéral
Vendredi dernier, l’OVF a tenté une ultime conciliation, sans succès. Désormais, les partisans du vaccin comptent sur l’intervention du Conseil fédéral: la conseillère nationale Maya Graf (Verts/BS) attend une réponse à son interpellation de décembre dernier. «Mon opinion, dit-elle, est que le Conseil fédéral devrait encourager la production de verrats entiers. On y viendra un jour.» Le sort des «bourses des porcelets» se trouve désormais sur la table de Doris Leuthard.
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Une question de finances, au bout du compte
Le vaccin inhibant le développement sexuel des porcs coûterait 6 francs par porcelet. L’anesthésie, elle, requiert de plus gros moyens: une «machine» à endormir les petits cochons coûte dans les 15 000 francs. «Sans compter les produits, signale Felix Grob, gérant de Suisseporcs. Pour un petit éleveur, qui a une vingtaine de truies, cela peut dépasser les 20 francs par cochon.» Les producteurs accusent Migros et d’autres acheteurs de viande de refuser le vaccin pour éviter d’avoir à investir dans les abattoirs afin de faire des contrôles nécessaires: «A cause de la narcose, les producteurs devront débourser 35 millions de francs, alors qu’adapter les abattoirs coûterait beaucoup moins cher», se fâche Claude Henchoz, de Suisseporcs. Migros réfute ces accusations. Si on acceptait le vaccin, «il faudrait le signaler au consommateur en faisant un étiquetage spécial, et créer une nouvelle filière, ce qui coûterait trop cher», explique son porte-parole, Urs-Peter Naef. Le géant orange répond en cela à une demande de plusieurs associations. «L’idéal sera d’engraisser des porcs non castrés, dit Aline Clerc, de la Fédération romande des consommateurs (FRC). Mais, avant cela, il faut revoir la sélection, l'alimentation et les conditions de détention pour modifier le goût de la viande.»
P. C.
Cher amis, cher Membres,
N’oubliés pas de passer sur la rubrique pétition très important !!!!!!
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