le 27/01/2013Un lévrier venu d’Espagne en cavale depuis un an dans le Territoire de Belfort !Féli, dimanche matin à Essert. La chienne aboyait quelques instants plus tôt. Elle est apparue, sur le qui-vive, et s’est aussitôt enfuie en voyant des inconnus. Photo Céline MazeauLa chienne, maltraitée en Espagne, a été recueillie il y a un an par une famille du Territoire. Elle s’est enfuie peu de temps après son arrivée. Depuis, de nombreuses personnes ont essayé d’attraper ce lévrier noir. Aucune solution concertée n’a pourtant pu être mise en place. Féli poursuit donc sa vie sauvage.Il suffit de taper les mots « lévrier » et « galgo » sur internet et les images, pénibles, apparaissent : des lévriers pendus par le cou, décharnés, couverts de plaies ou sanguinolents. Cela fait un moment maintenant que les défenseurs des animaux dénoncent le sort fait à ces chiens en Espagne. Selon les associations, ces lévriers sont utilisés pour la chasse au lièvre ou pour la course : quand ils deviennent « inutiles », leurs propriétaires les abandonnent et/ou les martyrisent. Pour les sauver, plusieurs filières ont été mises en place : des associations les récupèrent et les confient à des familles aimantes.
C’est ce qui s’est passé pour Féli, jeune lévrier noir. La chienne est arrivée dans le Territoire de Belfort il y a un an maintenant. Elle était apeurée et très craintive selon ceux qui l’ont accueillie.Déjà habituée à la vie sauvage - elle aurait passé plusieurs mois dans la nature en Espagne - Féli s’est enfuie quinze jours après son « adoption », au cours d’une promenade.Depuis, elle n’a jamais pu être attrapée. Après des mois d’errance, la chienne s’est installée dans le secteur d’Essert, à une quinzaine de kilomètres du domicile de « sa » famille, mais elle échappe toujours à ceux qui tentent de poser la main sur elle.
La situation est compliquée. Au moins deux associations (et notamment celle qui a ramené Féli d’Espagne) sont impliquées dans sa recherche. Par ailleurs un groupe de personnes, soucieuses du sort de cet animal, s’est organisé : depuis plus d’un mois, deux d’entre elles passent chaque jour « trois ou quatre heures » dans Essert, à tenter de créer un lien avec Féli. Elles ont repéré ses allers et venues et viennent lui parler, l’approchent, lui donnent à manger : « Maintenant, elle nous fait la fête quand elle nous voit, raconte l’une des bénévoles. Mais dès qu’on fait un geste, elle s’enfuit. » Le groupe a contacté le président de la société canine de Franche-Comté et le coursing club comtois.
Bref, de nombreuses personnes concernées - sans oublier les gardes-nature qui sont intervenus quand le lévrier était encore dans leur zone d’intervention l’an passé et qui ont par deux fois pratiquement réussi à l’attraper - mais une quête toujours vaine.
En toile de fond : des approches et des points de vue divergents. Quelques tensions aussi. Tout le monde veut le bien de l’animal mais sans visiblement parvenir à se mettre d’accord sur la conduite à tenir.
Les bénévoles qui vont à la rencontre de Féli en ont « ras le bol que rien ne soit fait ».« On a décidé d’agir il y a un mois et demi quand le froid est arrivé. » Leur objectif : demander aux gens de parler au chien « sans lui courir après » ni « l’effrayer » et surtout appeler à la mobilisation « pour demander à des pros » de se saisir de l’affaire.
De son côté la famille qui avait accueilli Féli estime qu’il faut laisser faire l’association qui l’a ramenée d’Espagne. « Ça ne sert à rien d’être nombreux pour l’attraper. Au contraire. À chaque fois qu’on a failli réussir, c’est l’intervention de tiers qui a tout fait capoter. En fait le pire qui peut arriver c’est que tout le monde s’en mêle. Féli pourrait s’enfuir et on ne saurait plus où la trouver. Là, elle est localisée, on est en contact avec une personne qui l’approche : on sait qu’elle est nourrie et qu’elle dort au chaud. »
Des affiches ont été apposées dans le village ; des affiches qui demandent aux gens de ne surtout pas donner à manger à Féli. L’objectif : contraindre le lévrier à se nourrir à des points fixes pour faciliter sa capture.
Plusieurs tentatives ont échoué. Ce n’est pas simple, plaide Myriam Stimpfling, déléguée de l’association l’Arche des lévriers. « Elle réagit comme une biche sauvage, toujours sur le qui-vive, et puis elle a l’expérience de l’errance maintenant. Et elle est maline. Il faut que les gens comprennent que ces choses-là prennent du temps. » La déléguée a commandé une cage trappe qui devrait arriver la semaine prochaine.Que pense le maire d’Essert ? Yves Gaume souligne lui aussi qu’attraper cet animal n’est pas chose aisée. « Certains me disent : « y a qu’à, faut qu’on » ou m’attaquent parce que la commune n’est pas adhérente du service des gardes-nature. Mais ces derniers sont intervenus dans les communes voisines et n’ont pas réussi à attraper le lévrier. Quant à vouloir l’endormir, qui va prendre le risque de tirer dans une zone non sécurisée ? »
http://www.lepays.fr/territoire-de-belfort/2013/01/27/un-levrier-venu-d-espagne-en-cavale-depuis-un-an-dans-le-territoire